Si nous parlez de Biarritz et de Lourdes en Amérique latinoafroamérindienne, les ceux qui ont de la culture et même d’autres qui n’ont rien, savent que ces lieux existent…Mais PAU (« paou » en espagnol), qui se prononce po… comme la poule au pot du bon roi Henri né ici comme le guerrier sur deux roues et pavés Gilbert Duclos Lassalle, comme l’écrivain polarophile Gilles Vincent… Pau, peu connaissaient……Il fallait ajouter : « à côté de Lourdes » et de préciser ; c’est à Pau que François vit apparaître « le centre » au bord du gave, rive droite.. Le centre, les Béarnais, fadingues de ballon, rond et ovale, ils connaissent.
D’année en année, grâce au Festival CulturAmérica, Pau s’affiche dans les milieux politiques de gauche-gauche- et dans les contrées culturelles, de l’autre côté du « charco » : l’océan.
C’est que depuis 23 ans, contre marées et vents mauvais, pousse en mars une Quinzaine « latino » rebelle, solidaire et de qualité. La greffe réussie relève quasiment d’une hallucination de Bernadette…sur une terre si consensuelle, si de « juste milieu », si béarnaise disait Bourdieu.
De la folie d’Ousse. Et çà marche…Et s’il fallait prendre au sérieux le besoin d’utopie ?
Au cours de son histoire tumultueuse, le Festival a fait la nique à de petits messieurs et gentes dames qui le trouvaient « trop politique », qui rêvaient d’Indiens emplumés, folklorisés, et d’un Monsieur Loyal moins loyal.
Le Festival est devenu aujourd’hui patrimoine béarnais, ne leur en déplaise… Il reçu avec l’ « abrazo » militant, notre frère EVO MORALES, lorsque Washington le présentait comme un « narcosyndicaliste » (en 2002, 3000 personnes dans trois amphis), le président Rodrigo Carazo Odio, Danièle Mitterrand, Paco Ignacio Taibo 2, sponsorisé par « Coca Cola », Leonardo Padura, Sepulveda, le père Burin des Roziers, Emir Saader, Orlando Borrego, Samir Amin, les amis Ramonet, Lemoine, Cassen…
Du 18 au 28 mars, à la fac, en soirée, le forum du 23ième Festival sera donc permanent, avec de grands invités ; l’anthropologue et ethnologue mexicain Hector Diaz Polanco (le 18 mars), « le volcan mexicain » , la disparition de 43 jeunes normaliens…Et le 19 mars, le rigoureux, fidèle et passionné Christophe Ventura : « Le partenariat TransPacifique…Washington à la reconquête… » Des dirigeants uruguayens du Front Large amis de « Pepe » Mugica pour causer sur: « éthique et politique » (Oscar Andrade, Ivan Hafliger) ; le 25 mars, l’éminente et pétillante universitaire vénézuélienne (UCV) Jeyni Gonzalez Tabarez : « le plurilinguisme en Amérique latine : les langues des peuples et nations indiennes ».
Et des concerts sélectionnés par le musicologue en chef Paco, des groupes afro Caraïbe, le groupe équatorien de Cristobal Dazmino Trio, de la capoeira, la batucada d’Emmaüs…Gai gai métissons-nous.
Des expos en veux tu en voilà, de jeunes écrivains, des films (la programmation Méliès passe de 15 jours à quatre. Ojo !), un visuel-affiche que l’on s’arrache : un ara très coloré sifflant l’Internationale. Sur affiches géantes en ville, ça donne envie de voter et de botter beaucoup de fesses…Des ambassadeurs, des sans grades, des qui veulent « un autre monde », des invités de marque déposée, une concierge, des utopistes, seront présents à l’inauguration, le 20 mars à 18h, en mairie de PAU ; ouverte à tous, avec « Jurançon » à foison…
Le Festival se terminera en botté le 28 mars par une soirée poéticolipotique avec le « génie des coteaux de Jurançon », les poètes latino-américains, les « palos » d’aller-retour entre Cuba et Cadix, interprétés par le chaque fois plus inspiré (et noir, de Soulages) guitariste flamenco Manolo Rodriguez.
Jean Ortiz