D’où viens-tu, où as-tu grandi ?
Je viens d’Anhaux, un petit village près de Saint-Jean-Pied-de-Port, j’y ai passé plus de 30 ans de ma vie. Bercé par les histoires et les savoirs transmis par mon père, je suis très attaché à cet héritage que je valorise par le biais de la musique.
Quel est ton parcours ?
Fils de paysans, rien ne me prédestinait à la musique. D’ailleurs je suis l’ainé de la famille et selon la tradition du pays basque, c’est l’aîné qui se doit de reprendre l’exploitation familiale. Très jeune intéressé par la musique, cela semblait incompatible avec ce que l’on attendait de moi. J’ai quand même commencé à chanter à l’âge de 17 ans dans des chorales puis on a formé un groupe de musique pop-rock avec des amis. Quelques années plus tard, je chantais dans des bals. Ce n’est que très tardivement que je me suis résolu à devenir un vrai professionnel (en 2009). Entre temps j’ai passé 6 ans en tant que médiateur culturel et programmateur de spectacles. J’ai aussi réellement envisagé de reprendre la ferme de mon père. Mais juste avant de me lancer, je voulais me laisser une chance de réaliser mes rêves. Devenir chanteur professionnel. Je me suis fixé un objectif de 3 ans pour percer dans la musique. Au bout de la 3ème année, j’étais sur scène avec Madonna au Québec. On peut dire que ça a fonctionné ! Et aujourd’hui, je vis à San Sébastiàn et je travaille pour ma société de production « Kalapita » sur Hendaye. Nous produisons des spectacles de danse contemporaine, de musique, … caractérisés par leur fort lien avec la culture Basque.
Comment as-tu appris à chanter ?
En pratiquant ! J’ai appris le chant de manière autodidacte.
Que signifie Manez, ton nom de scène ?
C’est un clin à d’œil à mon grand-père qui s’appelait Manez. Manez est souvent assimilé en Basse Navarre à Jean ou Pierre en Français.
Quelles sont tes influences ?
Pour beaucoup les chants traditionnels, la musique latine, européenne, la chanson basque et la variété basque. L’univers qui me caractériserait le plus serait la variété basque. Ayant également pas mal voyagé en Asie, Russie et en Amérique, je puise mon inspiration dans toutes ces expériences. Mais je dirais que je me sens plus proche de la culture latine. Je fais de la musique basque mais j’ai toujours envie d’explorer d’autres horizons. Pourquoi pas dans d’autres langues et avec un public différent. Il y a 20 ans, je me serais fait huer si je voulais chanter dans une autre langue. J’en ai vu des groupes ici se faire boycotter car ils chantaient en Espagnol,… Aujourd’hui tout est possible, les mentalités ont évoluées avec leur temps.
Tu as sorti ton dernier album le 28 mars dernier, comment t’es venue l’idée de créer un tel projet ?
Il y a quelques années, j’ai assisté au concert de Björk pendant sa tournée Volta. Il y avait des filles qui chantaient accompagnées de cuivres c’était magnifique. Ce mélange donnait un côté très aérien et minéral tout en étant très contemporain. Puis j’ai pensé aux musiciens d’ici. Il y a beaucoup de joueurs de cuivres et moi je chante, alors pourquoi pas s’approprier ce mélange ? Pour le dernier album, j’ai invité 6 musiciens. On a beaucoup travaillé sur l’adaptation des cuivres au chant basque, mais aussi à la polyphonie. Lorsque nous nous produisons, je tiens à ce que l’on reste en acoustique, sans micro car cela permet de créer une réelle convivialité avec le public.
Que représente cet album pour toi ? Quel est le message que tu souhaites véhiculer ?
C’est ma façon de valoriser, rendre hommage à mon héritage. Mes chansons sont des histoires que m’a raconté mon père, ou des histoires de personnages imaginés.
Comment s’écoutent tes chansons pour quelqu’un qui ne comprend pas le basque ?
Il est vrai que ce sont des chansons à texte, il est mieux de comprendre les paroles. Mais j’essaie de ne pas exclure le public francophone ou espagnol en proposant quelques pistes de compréhension pendant les spectacles.
Quelles sont tes techniques de composition ?
Je produis toujours de la même manière. Une mélodie me vient en tête, je la fixe, l’enregistre et structure mon chant. J’écris des textes mais il m’arrive de faire appel à des troubadours / bertsolaris (en basque) pour écrire mes chansons. Ces bertsolaris ont des techniques de composition particulières. Ce sont des poètes dotés d’un talent pour l’improvisation. Il suffit de leur donner des personnages, un sujet et ils t’écrivent illico des textes absolument magnifiques. Ils sont très populaires en pays basque, j’adore faire appel à eux.
Propos recueillis par Carla Lavigne.
Le dernier album Manez eta Kobreak est disponible sur : http://www.kalapita.com/eu/manez/
Le groupe sera aussi présent au festival Atlantikaldia à Errenteria (Pays Basque Espagnol) le 20 septembre 2018.
Pour suivre le projet rendez-vous sur :
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OU
-Web : http://www.kalapita.com/fr/